12ème Régiment de Chasseurs

 

Témoignages et Histoires

 

Guerre de la 5ème coalition

Correspondance de Napoléon

À Davout

Ratisbonne, 26 avril 1809   (trois heures du matin)

Mon cousin, je reçois votre lettre du 25 à onze heures du soir, où je vois que vous pensez que le prince Charles se serait porté sur Passau par Cham. Cette marche de flanc serait bien hasardeuse. Nous devons être aujourd'hui 26 à Passau. D'ailleurs, vous ne dîtes point sur quoi vous fondez cette opinion. Les renseignements donnés par le général Montbrun, qui les a pris sur les lieux, sont tout opposés. Tout porte donc à penser qu'il a pris la direction qu'annonce le général Montbrun; cette marche est plus naturelle. Cependant, j'attends de connaître positivement ce qui en est; il m'importe beaucoup d'être éclairé sur cette affaire.

Heman étant libre et Bellegarde s'étant retiré sur Schwandorf, il ne faut pas épuiser votre cavalerie en courses inutiles du coté de Nuremberg; de simples estafettes suffisent; et employez le 12ème de Chasseurs à talonner l'arrière-garde de Bellegarde. Je pense qu'avec votre corps d'armée vous devez vous porter sur Bruck, où vous saurez positivement le parti que prendra le prince Charles. Le général de division Dupas, avec une brigade française de 5 000 hommes et une brigade composée des contingents des petits princes, que commande le général Rouyer, formant une division de 10 000 hommes, se rend à Ratisbonne, où je suppose qu'il sera arrivé le 27. Je retiens le général Boudet à Straubing jusqu'à nouvel ordre; il y est arrivé hier 25, à dix heures du soir. J'ai bien de l'impatience à savoir ce que fait l'ennemi

 

Guerre Franco Allemande de 1870-1871 :

Dick de LONLAY)

« Français et Allemands – Histoire anecdotique de la Guerre  de 1870-1871 »

Paris, GARNIER Frères, Editeurs – 6, rue des Saints Pères, 6ème - 1888

Le 19 juillet 1870, le gouvernement français déclare la guerre à la Prusse.

Le 23 juillet, Le commandement de toutes les troupes réunies à l’est des Vosges est confié au Maréchal Mac Mahon, il a sous ses ordres les Ième, Vème et VIIème corps.

Le 12ème Régiment de Chasseurs à Cheval, subordonné au Vème  corps est commandé par le colonel de Tucé et le lieutenant-colonel de LAPORTE, il se trouve à Niederbronn avec le général de Bernis. Ce beau régiment qui naguère s’est couvert de gloire au Mexique, a quitté Paris le 19 juillet et a débarqué dès le lendemain à Haguenau.

Le 25 juillet, à Schirlenhoff (situé entre Haguenau et Niederbronn) le 4ème peloton du 5ème Escadron du 12ème Régiment de Chasseurs à Cheval sous les ordres du lieutenant de Chabot surprend une reconnaissance ennemie qui s’était arrêté quelques instants dans une auberge afin de reposer ses chevaux. Un des dragons badois tue à bout portant d’un coup de mousqueton le Maréchal des Logis Pagnier. C’était un vieux soldat décoré de la Légion d’honneur et de la Médaille Militaire. Il comptait quinze années de service et avait fait la campagne du Mexique.

Après une lutte acharnée avec les badois, nos cavaliers firent prisonnier trois officiers (dont un meurt le soir même - lieutenant Hubert Winsloe) et neuf dragons, et un autre s’échappa (Comte Zeppelin)

Le lieutenant de Chabot reçoit la Légion d’honneur, le 4 août suivant pour ce brillant fait d’armes : deux chasseurs de son peloton sont, en outre médaillés.

(Parmi les 18 hommes du 12ème Régiment de Chasseurs à Cheval se trouvait ; le lieutenant de CHABOT, le maréchal des logis PAGNIER, le maréchal des logis DRIVON, le brigadier CHARPENTIER, les cavaliers BEAUSOLEIL, DESMETTRE et RAVAUD)

... :...

Buzancy, le 27 août 1870

Le 26 août, Le 12ème Régiment de Chasseurs à Cheval, forme l’extrême avant-garde du Vème corps. Le régiment a quitté le camp d’Ecordal, à, cinq heures du matin et, après avoir traversé le Chesne Populeux, est arrivé à la ferme de Bazancourt. Les 5ème et 6ème escadrons sont à Châtillon sur Bar, où ils ont une alerte pendant la nuit.

A Huit heures du soir, une reconnaissance ennemie ayant été signalée dans un village peu éloigné, ordre est donné à nos chasseurs de tenir les chevaux sellés et de passer la nuit sous les armes.

Le 27 août, les 3ème et 4ème escadrons partent de Bazancourt à quatre heures du matin et rejoignent les 5ème et 6ème escadrons à Châtillon

Le général de la Mortière suit les chasseurs avec le 5ème Lanciers. L’avant-garde est confiée au 4ème escadron de chasseurs, capitaine comte d’Ollone.

A cinq heures les chasseurs s’arrêtent pour laisser passer le général NICOLAS, qui marche avec un bataillon du 61ème de ligne dans la direction de Brieulles, où les brigades Saurin et Nicolas doivent se réunir sous les ordres du général GOZE. Puis, ils se remettent aussitôt en avant-garde, tandis que la 3ème division, Guyot de Lespart, prend la tête de la colonne.

On avance avec une extrême précaution au milieu d’un épais brouillard. Les cavaliers explorent les abords de la route à une grande distance. On fait halte, et pendant ce temps, les chasseurs, comme par amusement, aiguisent leurs sabres sur le macadam de la route. Malheureusement, le brouillard empêche de rien distinguer.

Un cavalier de l’extrême avant-garde vient prévenir qu’on aperçoit quelques uhlans à quatre cents mètres. Sur ordre du général de Bernis, le sous-lieutenant Rossignol part sur la route de Grand-Pré, avec le 2ème peloton et le maréchal des logis Ferrand. En arrivant près du village de Buzancy, des paysans reconnaissant notre uniforme, accourent et racontent que l’ennemi occupe le bois de la Folie, qu’une vingtaine de uhlans sont venus le matin même à Buzancy, faire des réquisitions et qu’ils sont repartis depuis deux heures.

A huit heures et demie du matin, le 12ème Chasseurs à cheval arrive devant Buzancy.

Le général de Bernis donne l’ordre au colonel du 12ème Chasseurs de faire reconnaître la position en avant et de fouiller les bois.

« Allons, en avant, le 4ème escadron ! » commande M. de Tucé.

Cet escadron conduit par le capitaine d’Ollone, se porte sur le bois de la Folie. La deuxième division, sous les ordres du capitaine en second Raimond, se disperse en tirailleurs de manière à surveiller les routes de Nouart et de Bayonville ; de son côté, le capitaine d’Ollone va avec le sous-lieutenant Rossignol reconnaître le bois de la Folie. Les hommes, le fusil haut, la crosse appuyée sur le paquetage, le torse bien serré dans le dolman vert clair à dix-huit brandebourgs noirs, s’avancent au trot de leurs petits chevaux barbes et regardent le bois qui leur fait face.

Le brouillard se lève à ce moment et découvre l’horizon : il peut être neuf heures. Pendant ce temps, le capitaine adjudant major de Lavigne recourt vers le capitaine d’Ollone. Il vient lui dire de la part du général de Bernis qu’il va trop loin et qu’il vaut mieux que l’engagement ait lieu plus en arrière.

Au même instant, sur la lisière du bois de la Folie, une silhouette sombre se détache sur le fond rougeâtre du feuillage d’automne. C’est un uhlan. Après lui, un autre, puis deux, puis trois, puis dix, puis vingt. Tous ces cavaliers apparaissent et disparaissent alternativement.

Le capitaine d’Ollone fait remarquer ces groupes au capitaine de Lavigne «retournez dire au général, lui répondit-il, que je suis déjà engagé. »

Bientôt ces groupes de uhlans s’avancent plus nombreux et avec une extrême résolution. Le capitaine se retourne et dit au sous-lieutenant de Merval : « »Commandez le feu. »

Salués par une décharge générale de nos chasseurs, ces uhlans rentrent sous bois au plus vite, emmenant des blessés, abandonnant leurs armes et jetant même leurs lances et chapkas en cuir bouilli par terre.

Le capitaine d’Ollone revient vite au centre du 4ème escadron, que le capitaine Raimond achève de rallier à la sortie de Buzancy. Alors, on cherche à attirer les cavaliers ennemis en les attaquant de nouveau, et se retirant ensuite, les yeux toujours fixés vers ces bois mystérieux.

A ce moment, une masse de cavalerie apparaît au-dessus de la crête qui domine le village de Buzancy, et nous charge à bride abattue. Ces nouveaux arrivants sont coiffés du casque en cuir bouilli, à cimier romain de cuivre ; leur uniforme bleu de ciel est surchargé de galons de passepoils et de brandebourg blancs.

C’est le 3ème Régiment de cavalerie saxonne.

Devant ces forces trop importantes, la division de nos éclaireurs n’a que le temps de se replier, après avoir fait une décharge générale de ses carabines, se jette alors dans les champs à droite de la route, et se rallie aux autres pelotons du 4ème escadron. Enhardis, les Saxons continue d’avancer ; mais en apercevant notre réserve établie à cent cinquante mètres au bout de la pente, ils se mettent au pas et arrivent enfin à quarante mètres du village de Buzancy.

A ce moment le 3ème escadron charge lui-même ses armes au bas du village. « En avant ! » Crie-t-on. Sanglés dans leurs dolmans verts à brandebourg noirs, le talpack enfoncé jusqu’aux oreilles, les chasseurs, le corps penché, la pointe du sabre en avant, traversent Buzancy au grand trot et se forme sur le côté droit de la route de Stenay. Le lieutenant-colonel de LAPORTE et le commandant Vata se portent ainsi avec le 3ème escadron du capitaine Bournazel, en soutien du 4ème à la sortie du village.

Il est environ onze heures.

Un officier supérieur allemand, droit et fier sur son cheval, se place en avant de ses cavaliers qui restent immobiles, et salue de l’épée, avec une courtoisie chevaleresque (une fois n’est pas coutume) les troupes qu’il va combattre.

Le lieutenant-colonel de la Porte lève son sabre, les trompettes sonnent la charge, et le 3ème escadron s’élance pour prendre de flanc les Saxons. Les officiers sont en première ligne : le lieutenant-colonel de la Porte, les capitaines de Bournazel et Resclauze, les lieutenants de la Pierre, Rouget et Levêque, les sous-lieutenants Sarrailh et Marescaux.

On s’aborde sur la chaussée même de la route. Un terrible combat corps à corps et à l’arme blanche, s’engage. Pour pénétrer dans la masse saxonne, il faut creuser des vides à coup de revolver. Alors on entre les uns dans les autres ; les talpacks en peau d’astrakan de nos chasseurs s’entremêlent avec les casques à hauts cimiers des cavaliers saxons.

Les Germains lâchent les rênes, pour prendre à deux mains leur lourd glaive à large tranchant et s’en serve comme d’une massue. Mais nos petits chasseurs, plus souples, plus adroits, qui ont affilé leur lame de sabre sur la peau tannée des Mexicains, portent aux saxons des coups de pointe terrible qui ne pénètrent pas, il est vrai, ni dans la poitrine, ni dans le dos, mais entrent avec une étonnante facilité dans les flancs.

Cette première mêlée dure cinq minutes environ, et déjà le sang coule abondamment, déjà de nombreux cavaliers ennemis gisent à terre. Les autres sont reconduits, le sabre dans les flancs, à plus de cinq cents mètres, bousculés et fortement entamés par nos intrépides chasseurs.

Au moment où ceux-ci vont atteindre la crête, deux nouveaux escadrons saxons apparaissent encore et viennent renforcer leurs camarades.

Accablé parle nombre, le 3ème escadron de chasseurs redescend la pente, à bride abattue, jusque dans les rues du village. Cependant le 4ème escadron, qui se montre encore tout frémissant de son premier engagement, se reforme et court sus à l’ennemi. En avant de tous, les capitaines d’Ollone et Raimond, les lieutenants de Braux et Castagnié, les sous-lieutenants Arronshon, de Merval et Rossignol.

Les saxons accourent comme un ouragan, mais nos chasseurs, prévenant ceux-ci les chargent de leur côté, avec un entrain extraordinaire.

Le 3ème escadron s’est rallié immédiatement après le 4ème; le lieutenant-colonel s’est mis au centre avec les adjudants ; les trompettes sonnent la charge, en galopant derrière les escadrons. En avant !

Nos chasseurs remontent une seconde fois la pente, pêle-mêle, et ventre à terre, malgré les cadavres d’hommes et de chevaux, qui jonchent la route. Ils franchissent tous les obstacles, pour tomber sur les escadrons allemands.

Le lieutenant-colonel de la Porte a son cheval tué sous lui ; il est atteint au bras droit de deux coups de sabre. Renversé, piétiné, entouré par un gros de saxons, il veut toujours combattre ; mais il est encore frappé à terre, où il reçoit une troisième blessure à la tête. C’est à peine s’il peut se traîner jusqu'à la lisière d’un petit taillis qui borde la route et où il est pris par les Saxons.

Le capitaine de Bournazel perd son talpack et reçoit plusieurs coups de sabre qui lui fendent la tête en croix. Il tombe de cheval et est fait prisonnier.

Un coup de taille balafre fortement la joue droite du brave capitaine d’Ollone, qui démonté, cerné par trois ou quatre Prussiens, les étend finalement à ses pieds.

Le sous-lieutenant Marescaux a son talpack fendu d’un coup de taille ; mais il riposte par un vigoureux coup de pointe dans le corps de son adversaire. Assailli d’une grêle de cops, il est blessé aux reins, à la tête, et va succomber, lorsque l’adjudant Fourrès bondit à son secours et l’aide à se dégager.

Le sous-lieutenant Sarrailh a son cheval tué et est forcé de se rendre à un officier saxon, en lui remettant son revolver encore tout fumant.

Un tout jeune officier, le sous-lieutenant de Merval, sorti la veille de Saint-Cyr et arrivé depuis quelques jours seulement au régiment, culbute avec son cheval sur un monceau de cadavres, et, son sabre brisé, se voit entouré par de nombreux Saxons qui lui arrache son revolver déchargé de ses six balles.

Le sous-lieutenant ROSSIGNOL prend alors le commandement du peloton de Merval. Mais dans cette mêlée générale, il est cerné par les cavaliers allemands. Un jeune officier saisit la bride de son cheval et lui dit : « Rendez-moi vos armes, et il ne vous sera rien fait ! »

Pour toute réponse, l’officier français lui décharge son revolver en pleine poitrine. Les saxons furieux s’acharnent alors après lui. Un coup de sabre le décoiffe, puis deux, puis, trois le blessent à la figure, à l’épaule, coupe le baudrier de sa giberne. Près de lui, les cavaliers Yunck et Sholné reçoivent d’affreuses blessures au visage et sur les bras.

Enfin, au milieu de cette lutte acharnée, le sous-lieutenant Rossignol, qui se défend toujours avec vigueur, reçoit un formidable coup, qui lui fend le crâne. Le sang ruisselle sur ses yeux, dans sa bouche, l’aveugle et l’étouffe. Il tombe de cheval et s’étend dans un fossé. Les maréchaux des logis Crevelle, Rougeron, Bretnacher, se défendent également en désespérés.

Au bord d’un fossé, le maréchal des logis de Kersabiec, voulant protéger le capitaine de Bournazel qui gît blessé à terre s’élance sur un officier saxon et le saisit au collet, en disant : « Rendez-vous, monsieur, vous êtes prisonnier. » L’allemand répond en fendant d’un coup de sabre le visage du sous-officier, qui, à son tour, riposte par un formidable coup de pointe.

Çà et là, des chasseurs démontés se relèvent et continuent à faire, à pied, le coup de feu contre les Saxons. Le vieux maréchal des logis Grafft lutte avec une rare énergie contre un groupe de cavaliers ennemis, et tombe enfin accablé par le nombre ; un maréchal-ferrant ayant encore son cheval abattu entre les jambes, tiens en échec par un habile moulinet de son sabre, dix ennemis, qui font cercle autour de lui.

Le brigadier Machart, un hercule ayant la taille d’un géant, se conduit comme un héros et revient avec son sabre rouge de sang jusqu'à la garde.

Tous ces vieux serviteurs, couverts de croix et de médailles, font des prodiges de valeur.

Le général de Bernis, qui, du plateau élevé de Bar, suit les péripéties de la lutte, prescrit alors une diversion. Il ordonne au colonel de Tucé d’aller choisir, avec les derniers escadrons qui lui restent, une bonne position sur le flanc droit des cavaliers allemands.

Le colonel de Tucé, lequel, comme chef d’escadrons de chasseurs d’Afrique, s’est couvert de gloire au Mexique, et accompagné du commandant Sautelet, enlève alors le 5ème escadron du 12ème chasseurs, et traverse le village au galop pour soutenir les 3ème et 4ème escadrons que l’ennemi poursuit en poussant des cris sauvages.

Les Saxons, acharnés à la poursuite des chasseurs, sont entrés dans le village, et sans pouvoir arrêter leurs chevaux, viennent se heurter contre la queue de la colonne, qui leur barre la route. Bientôt Français et Saxons se trouvent tellement entassés dans cette ruelle étroite, qu’il leur est impossible de faire usage de leurs armes. Ils en arrivent à se contempler face à face, sans pouvoir combattre. Un brusque arrêt s’étant produit, les derniers de la colonne, qui en ignorent la cause, cherchent à avancer et poussent leurs camarades. Il s’ensuit une bousculade énorme.

Heureusement, une issue s’offre à gauche de l’unique rue du village pour les pelotons du 5ème escadron, qui, plus libres de leurs mouvements s’engagent par cette voie latérale. Sans faire remettre au fourreau les sabres qui restent suspendus à la dragonne, le capitaine Compagny commande : « Haut le fusil ! » et se jette sur les Saxons.

A ce moment, la scène change : les Saxons se croyaient sûrs d’anéantir nos escadrons, quand tout à coup le fracas sonore des trompettes françaises sonnant la charge, retentit ; l’ennemi s’arrête comme frappé de stupeur.

D’une ruelle du village débouche une nouvelle colonne, mais bien française celle-là. En tête, le colonel de Tucé, les chefs d’escadrons Vata et Sautelet, les capitaines adjudant majors de Lavigne et de Colbert, l’officier payeur Maronnier, le porte-aigle Lévêque, etc. puis les officiers du 5ème escadron : capitaine Compagny, lieutenant de Chabot et Chatelain, sous-lieutenant Mocany et Vittini.

Une décharge générale des chassepots du 5ème escadron éclate à une quinzaine de mètres des Allemands. Les chasseurs quittent alors le fusil pour le sabre, et franchissant haies, jardins, clôtures, font irruption à gauche de la chaussée, sur les arrières de l’ennemi.

La mêlée devient furieuse. On se bat avec acharnement. Les lieutenants de Braux, de Chabot et Chatelain se distinguent par leur brillant courage, ainsi que le maréchal des logis chef Caillibeau. Le lieutenant Chatelain fait prisonnier de sa main un sous-officier ennemi. Nos trois escadrons de chasseurs, chargeant avec une vigueur irrésistible, prennent en flanc les quatre escadrons du 3ème saxons, les culbutent, les renversent et les dispersent.

Plusieurs officiers, le capitaine de Bournazel, les sous-lieutenants Sarrailh et de Merval, en profitent pour recouvrer la liberté. Délivrés par ce brusque retour offensif, les vêtements en lambeaux et tête nue, ils enfourchent des chevaux sans cavaliers. M. de Merval attrape un cheval de troupe, couvert de sang, que lui amène le brigadier Charton, et rejoint son escadron. Malheureusement le lieutenant-colonel de la Porte, ayant le bras cassé, reste entre les mains de l’ennemi qui le conduit à Dun.

Le sous-lieutenant Rossignol, qui a repris connaissance malgré son horrible blessure au crâne, saisi un cheval par la crinière, revient à Buzancy et rejoint son régiment.

Poursuivis pour la troisième fois, les cavaliers allemands se débandent, et s’enfuient à plusieurs milliers de mètres, laissant le terrain jonché de leurs morts.

A la suite du 5ème escadron du 12ème chasseurs, le 6ème escadron est entré dans Buzancy, sous les ordres du capitaine Schoenberg, ainsi que le second régiment de la brigade, le 5ème hussards, dont le tour est, ce jour-là, d’être en seconde ligne.

Ces troupes n’ont pas besoin d’être engagées pour enfoncer la cavalerie saxonne.

Nos chasseurs continuent à poursuivre celle-ci avec acharnement. Les plus hardis arrivent sur les crêtes assez raides, refoulant l’ennemi et le culbutant, le sabre dans les reins jusqu’au haut de la côte. Là, cependant, nos escadrons s’arrêtent. Ils cessent de frapper, ils cessent de poursuivre, car d’autres escadrons saxons s’apprêtent à reprendre l’offensive, à l’Est de la route de Rémonville.

Deux pièces de la 1ème batterie à cheval du 12ème régiment, batterie Zeuker, qui, pendant le combat, sont venues prendre position sur les hauteurs boisées de Sivry, se démasquent alors subitement et couvrent nos chasseurs d’obus. Un régiment de cavalerie, en ligne de colonnes, appuyé par le 3ème escadron du 2ème régiment de uhlans, débouche du bois de la Folie et commence à descendre les crêtes.

Nos régiments n’ont plus qu’à se replier, car de nombreux fantassins s’embusquent en même temps à la lisière des bois. Nous sommes en présence des 23ème et 24ème brigades, commandées par les généraux majors Krug de Nida et Senft von Pilsach, qui couvrent tous les alentours du village de Sivry. Ces deux brigades appartiennent au XIIème corps, général von Goltz, qui a détruit, en partie, les ponts de Stenay.

Le colonel de Tucé, à la vue de ces nombreuses troupes ennemies, commande alors demi-tour, et nos chasseurs battent lentement en retraite, sous une grêle d’obus qui fauchent les jambes des chevaux. Là, au péril de sa vie, le lieutenant de Chabot s’arrête pour aider le chasseur Maillard à remonter à cheval.

Mais le but de notre reconnaissance est atteint, et à une heure, les escadrons engagés pendant cette chaude affaire viennent se reformer en arrière de Buzancy dont les uhlans avaient déjà couvert les portes des maisons de numéros inscrits à la craie et correspondant à des séries de billets de logement.

Là, on se compte : soixante-deux de nos chasseurs ont reçu des blessures, la plupart heureusement fort légères, de simples estafilades sur le visage ou sur les bras. Deux de nos hommes ont été en outre tués sur place. Cinq officiers sont blessés : MM. de LAPORTE, d’OLLONE, de Bournazet, Marescaux et Rossignol.

Les saxons laissent sur le terrain une cinquantaine de morts et parmi aux quelques officiers ; un grand nombre est blessé, notamment un major et deux capitaines. Nos chasseurs ramènent une douzaine de chevaux, et sur l’un de ceux-ci se trouve le revolver du sous-lieutenant Sarrailh. La selle est teinte de sang : sans doute, l’officier saxon qui avait fait prisonnier celui-ci, a été tué.

Le colonel de Tucé va de la tête de la colonne à la queue, interrogeant ses hommes sur ce qu’ils ont donné ou reçu : « Qu’as-tu ? » Demande-t-il à un chasseur, qui a la moitié du dolman emporté et le talpack traversé.

- Deux coups, mon colonel ; l’un sur l’épaule et l’autre sur la tête ; mais ce n’est rien.

- Et tu es prêt à recommencer ?

- Quand on voudra, mon colonel !

Tous les talpacks sont lacérés de coups de sabre. Nos chasseurs, le visage ensanglanté ou noir de poudre, le bras en écharpe ou noué d’un mouchoir, traversent le 5ème hussards, qui témoigne sa rage de n’avoir pas participé à cette affaire. Un régiment d’infanterie les acclame au passage.

Les chasseurs, exténués de fatigue, se mettent en retraite et se dirigent sur le gros du Vème corps, dans la direction de Châtillon, sans être suivis, ni inquiétés.

... :...

Bientôt, on voit arriver des chasseurs à cheval, quelques-uns le visage tout ensanglanté. C’est le 12ème régiment de cette arme qui se replie sur authE, où il arrive à six heures du soir.

Les chasseurs, encore tout animés par l’ardeur du combat, racontent l’affaire. Aussitôt, le colonel Pichon fait déployer le 46ème, fort de 1 500 hommes environ, à gauche de la route, face aux hauteurs occupées par l’artillerie ennemie, reste dans cette position pendant près de trois heures, puis bat en retraite, aussi correctement que sur le terrain de manœuvres.

Le 12ème chasseur à cheval bivouaque dans la boue autour d’ AUthe, où les femmes du village réparent les vêtements déchirés par les sabres. La cavalerie reste sans tente, sans feux et la bride au bras. L’infanterie s’enveloppe de couvertures mouillées sur des lits de feuilles humides, car de tous côtés à Brieulles, à Belville, l’armée campe au milieu des terres labourées et détrempées par les pluies.

ULRIC GUELFE de CIVRY (Vicomte)

« Un engagement de cavalerie –Le combat de Buzancy le 27 août 1870 »

Londres, Arliss Andrews, 1878 In-12, 11p - Bibl. Nat. LH5-1000

(Récit reproduit dans sa totalité)

« La cavalerie est la longue vue du Général » Maréchal de Saxe

Dans la nuit du 26 au 27 Août 1870, le général de Failly; Commandant en chef du 5ème corps d'armée, reçut l'ordre de se diriger vers Bar les Buzancy et de laisser au Chêne-Populeux ses bagages sous la garde d'un bataillon. Cette marche avait pour but de s'assurer si l'ennemi, signalé à Vouziers et à Grandpré, ne rétrogradait pas vers Stenay ou s'il continuait sa marche sur Paris

Le5ème corps s'ébranla à quatre heures du matin sous une pluie pénétrante qui n'avait cessé de tomber depuis la veille. Il était précédé de la cavalerie du Général Brabaut. La tête de colonne venait d'arriver sur le plateau de Bar, en avant de Buzancy et y faisait halte, quand un officier du Grand Quartier Général apporta l'ordre de se replier sur les villages de Châtillon et de Brieulles. Avant d'exécuter cette contre marche, le général de Failly voulut connaître l'épaisseur du rideau de cavalerie que ses éclaireurs lui signalaient dans la direction de la Meuse, et, pour se procurer des renseignements précis en faisant quelques prisonniers, il résolut de lancer une vigoureuse reconnaissance de l'autre coté de Buzancy. Cette reconnaissance ne tarda pas à prendre les proportions d'un véritable combat, ayant pour théâtre, un champ de bataille digne des grands capitaines, pour intérêt, des incidents glorieusement dramatiques, et, pour témoin, presque tout l'Etat-Major et une partie du 5ème corps. Depuis Reischoffen, c'était la première fois que l'armée du Maréchal Mac-Mahon marchait à l'ennemi, et c'est à la porte même de Buzancy que devait avoir lieu cette première rencontre. L'action ne devait pas être, comme trop souvent dans cette triste guerre, une lutte inutile contre des machines infernales, une de ces luttes dans lesquelles des milliers d'hommes tombaient avant d'avoir pu aborder leurs adversaires. Ici du moins la cavalerie française allait se mesurer corps à corps avec la cavalerie allemande, et le courage personnel allait compter pour quelque chose.

Buzancy, qu'entourait jadis une imposante ceinture de remparts et qui avait été déjà le théâtre de plus d'une bataille, est un lieu historique. Situé sur les confins du Duché de Bar et du Comté de Champagne, plus d'une fois il avait eu sa part dans les luttes que les événements suscitaient entre les deux Princes voisins.

Comme saisissant souvenir des Croisades, il garde encore une mosquée en ruine que Pierre d'Anglure, Comte de Bourlémont et Sire de Buzancy, avait bâtie à son retour de Palestine; fidèle accomplissement d'une étrange promesse exigée par le Sultan dont il était prisonnier.

Comme souvenir le plus récent de sa grandeur évanouie, il montre, en guise de sentinelles postées sur l'emplacement d'un de ses anciens pont-levis, deux lions gigantesques qui ornaient naguère, à Lunéville, le palais du Roi de Pologne.

Pittoresquement posé sur le versant de la colline de Bar, à la naissance même de la chaîne principale de l'Argonne qui détermine les versants de la Meuse, de l'Aisne et de l'Oise, arrosé par les eaux argentées de la petite rivière qui longe la vallée ayant en face de lui le mont Civry avec ses grands bois, le joli bourg de Buzancy avait oublié depuis longtemps ses belliqueux souvenirs, et il dormait tranquillement entre son vieux château et le clocher de son église, quand tout à coup le galop des Uhlans avait réveillé en sursaut ses paisibles habitants le matin du 27 Août.

Les Uhlans inscrivirent à la craie sur la porte des maisons une série de numéros correspondant à des billets de logement, puis ils repartirent vers les hauteurs boisées où commençait à se glisser en silence l'avant-garde de la IVème Armée Allemande commandée par le Prince Royal, aujourd'hui Roi de Saxe. C'est une heure après cette alerte que venait d'apparaître, sur le versant opposé, dans la direction de Bar, le 5ème corps du Général de Failly. Le général en chef était de sa personne à la tête de colonne, avec son chef d'Etat major, le général Besson, les généraux Brahaut, de Bernis, et le Mortière. Les deux régiments composant en ce moment, toute la division de cavalerie du 5ème corps furent formés en bataille sur deux lignes: 12ème Chasseurs, première; 5ème de Lanciers, seconde. Des éclaireurs du 12ème de Chasseurs furent envoyés à la découverte.

A peine avaient-ils traversé le bourg et gravi la moitié de la colline, qu'ils se trouvèrent tout à coup face à face avec les éclaireurs allemands. Les coups de feux s'échangèrent, et le Colonel De Tucé, qui observait à l'horizon du haut du plateau de Bar, se hâta, suivant ses instructions, de détacher, sous la conduite de son Lieutenant-Colonel, deux escadrons (3ème et 4ème) commandés par le capitaine Comte d'Ollone et le capitaine de Bournazel. Malgré le désavantage du terrain, ils chargent avec la plus grande vigueur l'ennemi qui descend des bois en grandes forces et qui l'aborde lui-même au galop de charge. Le choc est rude et l'engagement acharné. Mais le nombre, sans cesse grandissant des renforts, l'emporte bientôt, et les deux escadrons du 12ème chasseurs sont ramenés pas à pas jusqu'à l'entrée du village. Un troisième escadron (5ème) est appelé. Immédiatement formé en colonne par quatre, il est enlevé en quelques secondes par son Capitaine Compagny de Courvières et s'élance, accompagné du Colonel lui même et du Commandant Sautelet, sur la rapide descente qui conduit au village, puis, le sabre à la main, il s'engouffre comme un ouragan entre les deux rangées de maisons dont les murs tremblent et dont les habitants ont disparu : un seul homme apparaît debout sur perron de l'église : c'est le curé du Buzancy. Il a voulu bénir ceux qui vont à la mort… Sursum corda! Mais bientôt force est modérer l'élan, sous peine de tomber sur des frères et non sur l'ennemi.

La rue est obstruée sur toute sa largeur par les premiers combattants qui disputent pied à pied le sol aux saxons. Heureusement une issue s'offre à sa gauche: le Capitaine y dirige son escadron et, sans faire remettre au fourreau le sabre qui reste suspendu à la dragonne, il commande : haut le fusil. Après une décharge à volonté, les chasseurs quittent le fusil pour le sabre et, franchissant haies, jardins et clôtures, ils font irruptions sur les derrières de l'ennemi. La mêlée devient furieuse; les saxons surpris par cette attaque imprévue, se retournent pour envelopper cette téméraire poignée d'hommes qui ose essayer de leur arracher une victoire dont ils se croyaient déjà maître. Hommes et chevaux se heurtent, se renversent, se piétinent, et se tuent: ce n'est pas seulement un combat qui se livre; ce sont dix, vingt engagements partiels qui ajoutent leurs scènes dramatiques aux sanglantes péripéties de l'action principale. Ici, c'est le Comte de Courvières qui, à la tête d'une partie de son escadron, court dégager ses deux collègues blessés, cernés et à demi prisonniers : le Capitaine de Bournazel, avec le crâne fendu, et le Capitaine d'Ollone, avec la figure coupée en deux. Là, c'est le Sous-lieutenant de Merval qui, à pied et sans talpack, auprès de son cheval mort, se défend en désespéré; en voyant arriver le 5ème escadron il se dégage par un suprême effort, enfourche un cheval de troupe qui passe et parvient à rallier son peloton, n'ayant plus à la main qu'un rouge tronçon de sabre. D'un côté, c'est le Sous-lieutenant Rossignol, l'occiput ouvert et ruisselant, puis le Sous-lieutenant Marécaux également frappé à la tête; de l'autre, c'est le Lieutenant de Braux d'Anglure se débattant au milieu d'un cercle d'ennemis et se voyant déjà prisonnier en face de la mosquée qui lui rappelle la captivité de Pierre d'Anglure; près de lui, le S. Lieutenant Sarrailh, qui, aux prises avec le même péril, déploie la même énergie; plus loin, le lieutenant Chatelain qui a la double chance de n'avoir pas une blessure et d'avoir fait un prisonnier de sa propre main. Au bord d'un fossé, le Maréchal-des-Logis Kersalaun de Kersabieck, défendant son Capitaine blessé, s'élance sur un officier Saxon et le saisit en criant: Rendez-vous, Monsieur; vous êtes mon prisonnier. L'officier, pour toute réponse, balafre d'un coup de sabre le visage du Maréchal-des-Logis, qui, à son tour, riposte par un vigoureux coup de pointe et étend son adversaire à ses pieds. Cà et là, des chasseurs démontés, se relèvent couverts de boue et continuent à pied le coup de feu contre les cavaliers qui passent. Pendant que le vieux Maréchal-des-Logis Grafft combat contre un groupe tout entier jusqu'à ce qu'il roule à reculons dans la rivière, le maréchal-ferrant X, debout, ayant encore entre ses jambes son cheval abattu, tient en échec, par l'étincelant moulinet de son sabre, dix ennemis qui font cercle autour de lui. Partout l'on voit les furieux coups de pointe des chasseurs se croiser avec les coups de lance des Uhlans et les larges tranchants que les Dragons Saxons manient à deux mains, à la façon des Germains d'Arminius. Le sang coule de toute parts, et le champ de bataille, bien que les morts n'y soient point encore nombreux, commence à devenir émouvant car les blessures à l'arme blanche, quoique dix fois moins dangereuses que celles des armes à feux, soient dix fois plus horribles à voir. Au bout d'une demi-heure de cette lutte, Buzancy, restait au pouvoir des Chasseurs. Ce qui restait des trois escadrons recharge bravement en fourrageurs, poursuivant les Dragons et les Uhlans Saxons qui remontent de toute la vitesse de leurs chevaux les pentes du mont Civry. Mais au sommet, un obstacle inattendu allait arrêter les vainqueurs.

Les Saxons, se divisant tout à coup par un brusque coude à droite et à gauche, mettent à découvert l'artillerie qui venait de prendre position dans les bois. Les Généraux, qui l'ont aperçue du haut de la colline de Bar, ont déjà fait sonner la retraite, quand une poignée de Chasseurs arrivent à vingt pas des pièces. Force est de se replier devant les boulets qui commencent à balayer la descente, pendant qu'un second régiment de Dragons Saxons, attendant immobile à droite des batteries, s'ébranle avec un formidable hourrah et descend en ordre imposant la seule route qu'épargne le canon. De nouvelles scènes signalent ce dernier instant. Les groupes pressés et lancés à toute vitesse sont criblés par les projectiles qui atteignent surtout les jambes des chevaux. A chaque pas, un homme tombe, en entraînant avec lui trois ou quatre des siens dans sa chute. Un homme tombé est presque toujours un homme perdu, à moins que son cheval et lui soient assez peu blessés, assez vigoureux et assez lestes pour se relever et reprendre leur course, ou que, comme le chasseur Maillard, il ait la bonne fortune d'avoir derrière lui un homme de dévouement, comme le Sous-lieutenant de Chabot, qui, au péril de sa vie, s'arrête pour lui porter secours. Quels que soient les dangers et les pertes d'une si subite retraite sous un tel feu, le Capitaine Compagny de Courvières, lui aussi, s'arrête à l'entrée de Buzancy avec le Capitaine Adjudant-Major Comte de Colbert-Chabanais et quelques uns de ses hommes pour chercher le Lieutenant-Colonel de la Porte qui, grièvement blessé, était tombé et avait disparu dans la mêlée. Après quelques minutes de recherches inutiles, il fallut bien se résigner à abandonner aux Saxons le village et tout ce qu'il renfermait, trop heureux d'avoir pu sauver tous les autres officiers blessés. Quant au Lieutenant-Colonel, qui n'avait pu être retrouvé par les siens, il reparut le lendemain dans les bulletins de l'ennemi dont il était devenu le prisonnier

Malgré sa retraite devant les foudroyantes décharges de l'artillerie, le 12ème Chasseurs avait droit d'être fier de cette journée. Trois de ses escadrons avaient lutté seuls contre des forces quatre fois supérieures et n'avaient cédé le terrain qu'à la dernière minute. [1] Ils avaient perdu 80 hommes, mais ils en avaient fait perdre autant à l'ennemi, y compris deux officiers supérieurs. Le nom de Buzancy pouvait désormais s'inscrire sur le drapeau du Régiment comme un nouveau titre d'honneur

[1]-       La plupart des écrivains Allemands et même Français qui ont rendu compte de cet engagement indiquent que 6 escadrons, c'est à dire le 12ème Chasseurs en entier, y ont pris part. C'est une erreur matérielle. La preuve en est simple. A la déclaration de la guerre, le régiment fut mobilisé à 5 escadrons. Le 2ème resta à son dépôt de Joigny. Le 1er fut enfermé à Metz. La brigade du Général de Bernis ne comptait donc que les 3ème, 4ème et 5ème escadrons, qui donnèrent seuls à Buzancy, et le 6ème qui fut laissé en réserve avec le 5ème de Lanciers.

D'autres écrivains militaires affirment aussi que le 12ème de Chasseurs fut soutenu par le 3ème et le 5ème de Lanciers (Brigade du Général de la Mortière). C'est également inexact: Le 5ème de Lanciers ne donna pas. Quant au 3ème, il était à Metz avec toute la brigade du Général Lapasset coupée du Vème corps, de sorte que la division du Général Brahaut se trouvait réduite à 2 régiments, le 5ème de Hussards, qui la complétait, ayant été fractionné pour le service d'escortes et pour attacher ses escadrons à chacune des divisions d'infanterie du Vème corps.

Les forces ennemies auxquelles les trois escadrons s'étaient heurtés, étaient : le 3ème dragons, le 2ème Uhlans (nème 18), et la batterie Zencker (nème 24), des 1ère et 2ème brigade, commandées par les Majors-Généraux Krug de Niddo et Senff de Pilsack. Elles appartenaient à la division de cavalerie Saxonne de son Excellence le Lieutenant Général Comte François de Lippe-Weissenfeld. Ces forces étaient appuyées par les batteries de XIIème corps de la garde et une partie de la 5ème division de cavalerie du Lieutenant-Général Baron de Rheinbaben, venant de Metz

25 ans plus tard, le 27 août (1875), à l'heure du combat, une messe était dite à Buzancy par le vénérable doyen Guillaume. Celui là même qui s'était illustré pendant ce fait d'armes. Il était entouré de tous les prêtres du canton. On remarquait dans l'assemblée la présence du maire (Vincent Lapierre) et de son adjoint, du conseil municipal, M. Ulric de Civry et une grande partie de la population.

Après la cérémonie, l'assistance s'est rendue au cimetière, où le vénérable doyen a béni les tombes des soldats français, puis celles des saxons. (Certaines d'entres elles sont toujours en place à l'heure actuelle)

Quelques mois plus tard, un monument fut érigé place Napoléon, à l'emplacement même du combat, afin de commémorer les actions du 12ème chasseurs. Buzancy est sans doute une des rares municipalités a avoir érigé un monument en souvenir de la guerre de 1870

RIHM nème 82Commission Française d'Histoire Militaire

LA PANIQUE DE BUCHY (4 décembre 1870)

La situation militaire en Seine-inférieure à la fin de novembre 1870

Les Allemands avaient fait leur première apparition en Seine-inférieure le 2 octobre en direction de Gournay ; mais jusqu’à la fin de novembre, ils n’envisagèrent aucune occupation du département, se bornant à protéger leurs troupes qui assiégeaient PARIS et à diriger des opérations de ravitaillement dans le Vexin.

À la fin de septembre, le Général Gudin, Commandant de la deuxième division militaire, disposait des unités suivantes au nord de la Seine : deux régiments de cavalerie, le 12éme Régiment de Chasseurs à cheval et le 3éme Hussards qui avaient échappé à l’encerclement de Sedan, deux bataillons de marche de la ligne, le 2éme et le 5éme, et onze bataillons de mobiles, en tout 13 000 à 14 000 hommes et pas d’artillerie. Les forces étaient réparties à peu près également entre les deux petits corps du pays de Bray et de l’Andelle pour surveiller les routes de Beauvais et de Gisors ; elles furent rejointes par une quinzaine de corps francs d’importance et de valeur militaire très différentes.

Le rôle de ces troupes fait limité à la protection de la Seine-inférieure contre les incursions des uhlans ; il était exclu d’envisager la moindre offensive contre l’ennemi et même de résister à une attaque générale. En s’installant à La Feuillie, à la fin de septembre, le Commandant de Livois du 1er bataillon de mobiles du Pas-de-Calais reçut l’ordre de faire une guerre de partisans et d’avant-garde et de se replier, en cas d’attaque sérieuse, vers Le Havre, en passant par Saint-Saëns, Pavilly, Yvetot et Bolbec ; le Commandant Darceau du 8éme bataillon de mobiles du Pas-de-Calais s’établit à Gournay avec des instructions analogues. Le Général Gudin répondit à deux membres du Comité départemental de défense, Leplieux et de Germiny, qui l’interrogeaient sur ses intentions : "Rouen ne peut être défendu et mon intention n’est pas de le défendre. Je n’ai confiance ni dans mes troupes, ni dans mes officiers, ni dans la mobile, ni dans les mobilisés, ni dans la garde nationale sédentaire, ni dans les administrations civiles... (En cas d’offensive du prince Albrecht), je me replierai vers Barentin d’abord, sur Le Havre ensuite où il ne viendra pas me poursuivre. Mon principal souci est de savoir comment alors je ferai pour alimenter mes troupes". Ce programme correspondait aux préoccupations exprimées par le Conseil Municipal de Rouen, dès le 4 septembre : "La ville ne pourrait se défendre devant une armée ; elle pourrait résister à une avant-garde d’infanterie et de cavalerie ; les précautions à prendre consisteraient donc à se préserver des maraudeurs et des détachements de cavalerie".

Seul le parti démocratique qui exaltait le souvenir de 1793 condamnait cette passivité. Il profita du passage de Gambetta à Rouen, (8 octobre 1870), pour réclamer une organisation plus énergique de la défense. Le 17 octobre, le Général de Brigade Briand, ancien Colonel de spahis, succédait au Général Gudin, mais déçu par le manque d’appui fourni par les autorités locales, il demandait quelques jours plus tard sa mise en disponibilité pour raison de santé ; il était alors remplacé par le Colonel de Tuce du 12éme chasseurs, promu au grade de Général de Brigade (29 octobre 1870). Briand puis de Tuce ne reçurent pas de renforts ; ils conservèrent le même dispositif et la même attitude défensive. Le 28 octobre, une compagnie du 5ème bataillon de marche, le 1er bataillon des mobiles de l’Oise, renforcés par le 1er bataillon des mobiles du Pas-de-Calais, repoussaient une colonne prussienne de 1 500 hommes qui avait pénétré dans Formerie. Le grand État-major prussien crut pouvoir juger que "ce combat, dans lequel les Français avaient opéré méthodiquement avec les trois armes, permettait de mesurer tous les progrès accomplis dans la réorganisation de leurs forces".

Première guerre  1914-1918 : (03-08-1914 au 11-11-1918)

Source                  : http://micheljacquot.chez.tiscali.fr/BouxFroid.html

 

 

 

Le Monument aux Morts

 

Plaque commemorative

 

Le monument BOUXIERES SOUS FROIDMONT (54) porte une plaque à la mémoire du cavalier POUGET, premier tué après la déclaration de guerre.

Il faut noter que la presse locale dans un article paru le mercredi 5 août 1914 et relatant les obsèques du chasseur à cheval POUGET cite une partie du discours du capitaine QUENELl, commandant le 1er Escadron du 12ème Régiment de Chasseur à Cheval « L'acte criminel qui a privé la France d'un de ses vaillants défenseurs tué au signal de VITTONVILLE, en territoire français, avant (?) la déclaration de guerre ».

Le chasseur POUGET et le caporal d'infanterie PEUGEOT du 26ème RI de NANCY,Les deux premiers morts français de la Grande Guerre

Celui que l'on peut considérer comme le deuxième mort français de la Grande Guerre, le premier après la déclaration de guerre, est Fortuné Émile POUGET , un jeune cavalier de 21 ans du 12ème Chasseurs de Pont-à-Mousson.

En ce 4 août 1914, il était chargé de surveiller la frontière, près d'une borne au nord de BOUXIERES tout près du signal de VITTONVILLE. Il a été abattu vers 11h50. Le cavalier POUGET fut inhumé le lendemain 5 août 1914 à 14h00, au cimetière civil de Pont-à-Mousson