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12ème Régiment de Chasseurs |
Témoignages et Histoires
Guerre de
Correspondance de
Napoléon
À Davout
Ratisbonne, 26
avril 1809 (trois heures du
matin)
Mon cousin, je
reçois votre lettre du 25 à onze heures du soir, où je
vois que vous pensez que le prince Charles se serait porté sur Passau
par Cham. Cette marche de flanc serait bien hasardeuse. Nous devons être
aujourd'hui 26 à Passau. D'ailleurs, vous ne dîtes point sur quoi
vous fondez cette opinion. Les renseignements donnés par le
général Montbrun, qui les a pris sur les lieux, sont tout
opposés. Tout porte donc à penser qu'il a pris la direction
qu'annonce le général Montbrun; cette marche est plus naturelle.
Cependant, j'attends de connaître positivement ce qui en est; il m'importe
beaucoup d'être éclairé sur cette affaire.
Heman
étant libre et Bellegarde s'étant retiré sur Schwandorf,
il ne faut pas épuiser votre cavalerie en courses inutiles du
coté de Nuremberg; de simples estafettes suffisent; et employez le 12ème
de Chasseurs à talonner l'arrière-garde de Bellegarde. Je
pense qu'avec votre corps d'armée vous devez vous porter sur Bruck,
où vous saurez positivement le parti que prendra le prince Charles. Le
général de division Dupas, avec une brigade française de 5
000 hommes et une brigade composée des contingents des petits princes,
que commande le général Rouyer, formant une division de 10 000
hommes, se rend à Ratisbonne, où je suppose qu'il sera
arrivé le 27. Je retiens le général Boudet à
Straubing jusqu'à nouvel ordre; il y est arrivé hier 25, à
dix heures du soir. J'ai bien de l'impatience à savoir ce que fait
l'ennemi
Guerre Franco Allemande de 1870-1871 :
Dick de LONLAY)
« Français
et Allemands – Histoire anecdotique de la Guerre de 1870-1871 »
Paris, GARNIER Frères,
Editeurs – 6, rue des Saints Pères, 6ème - 1888
Le 19 juillet
1870, le gouvernement français déclare la guerre à la
Prusse.
Le 23 juillet,
Le commandement de toutes les troupes réunies à l’est des
Vosges est confié au Maréchal Mac
Mahon, il a sous ses ordres les Ième, Vème
et VIIème corps.
Le 12ème
Régiment de Chasseurs à Cheval, subordonné au Vème corps est commandé par le colonel
de Tucé et le
lieutenant-colonel de LAPORTE, il se trouve à Niederbronn avec le général de Bernis. Ce beau régiment qui
naguère s’est couvert de gloire au Mexique, a quitté Paris
le 19 juillet et a débarqué dès le lendemain à Haguenau.
Le 25 juillet,
à Schirlenhoff
(situé entre Haguenau et Niederbronn) le 4ème
peloton du 5ème Escadron du 12ème
Régiment de Chasseurs à Cheval sous les ordres du lieutenant de Chabot surprend une reconnaissance
ennemie qui s’était arrêté quelques instants dans une
auberge afin de reposer ses chevaux. Un des dragons badois tue à bout
portant d’un coup de mousqueton le Maréchal des Logis Pagnier. C’était un vieux
soldat décoré de la Légion d’honneur et de
Après une
lutte acharnée avec les badois, nos cavaliers firent prisonnier trois
officiers (dont un meurt le soir même - lieutenant Hubert Winsloe) et neuf dragons, et un autre
s’échappa (Comte Zeppelin)
Le lieutenant de
Chabot reçoit la
Légion d’honneur, le 4 août suivant pour ce brillant fait
d’armes : deux chasseurs de son peloton sont, en outre
médaillés.
(Parmi les 18
hommes du 12ème Régiment de Chasseurs à Cheval
se trouvait ; le lieutenant de CHABOT, le maréchal des logis
PAGNIER, le maréchal des logis DRIVON, le brigadier CHARPENTIER, les
cavaliers BEAUSOLEIL, DESMETTRE et RAVAUD)
... :...
Buzancy, le 27 août 1870
Le 26
août, Le 12ème Régiment de Chasseurs à
Cheval, forme l’extrême avant-garde du Vème
corps. Le régiment a quitté le camp d’Ecordal, à, cinq heures du matin
et, après avoir traversé le Chesne
Populeux, est arrivé à la ferme de Bazancourt. Les 5ème et 6ème escadrons sont
à Châtillon sur Bar,
où ils ont une alerte pendant la nuit.
A Huit heures du
soir, une reconnaissance ennemie ayant été signalée dans
un village peu éloigné, ordre est donné à nos
chasseurs de tenir les chevaux sellés et de passer la nuit sous les
armes.
Le 27
août, les 3ème et 4ème escadrons
partent de Bazancourt à
quatre heures du matin et rejoignent les 5ème et 6ème
escadrons à Châtillon
Le
général de la Mortière
suit les chasseurs avec le 5ème Lanciers. L’avant-garde
est confiée au 4ème escadron de chasseurs, capitaine
comte d’Ollone.
A cinq heures
les chasseurs s’arrêtent pour laisser passer le
général NICOLAS, qui marche avec un bataillon du 61ème de
ligne dans la direction de Brieulles,
où les brigades Saurin et Nicolas doivent se réunir sous les
ordres du général GOZE. Puis,
ils se remettent aussitôt en avant-garde, tandis que la 3ème
division, Guyot de Lespart, prend la tête de la
colonne.
On avance avec
une extrême précaution au milieu d’un épais
brouillard. Les cavaliers explorent les abords de la route à une grande
distance. On fait halte, et pendant ce temps, les chasseurs, comme par
amusement, aiguisent leurs sabres sur le macadam de
Un cavalier de
l’extrême avant-garde vient prévenir qu’on
aperçoit quelques uhlans à quatre cents mètres. Sur ordre
du général de Bernis,
le sous-lieutenant Rossignol part
sur la route de Grand-Pré,
avec le 2ème peloton et le maréchal des logis Ferrand. En arrivant près du
village de Buzancy, des paysans
reconnaissant notre uniforme, accourent et racontent que l’ennemi occupe
le bois de la Folie, qu’une vingtaine de uhlans sont venus le matin
même à Buzancy,
faire des réquisitions et qu’ils sont repartis depuis deux heures.
A huit heures et
demie du matin, le 12ème Chasseurs à cheval arrive
devant Buzancy.
Le
général de Bernis
donne l’ordre au colonel du 12ème Chasseurs de faire
reconnaître la position en avant et de fouiller les bois.
« Allons,
en avant, le 4ème escadron ! » commande M. de
Tucé.
Cet escadron
conduit par le capitaine d’Ollone,
se porte sur le bois de
Le brouillard se
lève à ce moment et découvre l’horizon : il
peut être neuf heures. Pendant ce temps, le capitaine adjudant major de Lavigne recourt vers le capitaine
d’Ollone. Il vient lui dire
de la part du général de Bernis
qu’il va trop loin et qu’il vaut mieux que l’engagement ait
lieu plus en arrière.
Au même
instant, sur la lisière du bois de la Folie, une silhouette sombre se détache
sur le fond rougeâtre du feuillage d’automne. C’est un uhlan.
Après lui, un autre, puis deux, puis trois, puis dix, puis vingt. Tous
ces cavaliers apparaissent et disparaissent alternativement.
Le capitaine
d’Ollone fait remarquer ces
groupes au capitaine de Lavigne
«retournez dire au général, lui répondit-il, que je
suis déjà engagé. »
Bientôt
ces groupes de uhlans s’avancent plus nombreux et avec une extrême
résolution. Le capitaine se retourne et dit au sous-lieutenant de Merval :
« »Commandez le feu. »
Salués
par une décharge générale de nos chasseurs, ces uhlans
rentrent sous bois au plus vite, emmenant des blessés, abandonnant leurs
armes et jetant même leurs lances et chapkas en cuir bouilli par terre.
Le capitaine
d’Ollone revient vite au centre
du 4ème escadron, que le capitaine Raimond
achève de rallier à la sortie de Buzancy. Alors, on cherche à attirer les cavaliers
ennemis en les attaquant de nouveau, et se retirant ensuite, les yeux toujours
fixés vers ces bois mystérieux.
A ce moment, une
masse de cavalerie apparaît au-dessus de la crête qui domine le
village de Buzancy, et nous
charge à bride abattue. Ces nouveaux arrivants sont coiffés du
casque en cuir bouilli, à cimier romain de cuivre ; leur uniforme
bleu de ciel est surchargé de galons de passepoils et de brandebourg
blancs.
C’est le
3ème Régiment de cavalerie saxonne.
Devant ces
forces trop importantes, la division de nos éclaireurs n’a que le
temps de se replier, après avoir fait une décharge
générale de ses carabines, se jette alors dans les champs
à droite de la route, et se rallie aux autres pelotons du 4ème
escadron. Enhardis, les Saxons continue d’avancer ; mais en
apercevant notre réserve établie à cent cinquante
mètres au bout de la pente, ils se mettent au pas et arrivent enfin
à quarante mètres du village de Buzancy.
A ce moment le 3ème
escadron charge lui-même ses armes au bas du village. « En
avant ! » Crie-t-on. Sanglés dans leurs dolmans verts
à brandebourg noirs, le talpack enfoncé jusqu’aux oreilles,
les chasseurs, le corps penché, la pointe du sabre en avant, traversent Buzancy au grand trot et se forme sur
le côté droit de la route de Stenay.
Le lieutenant-colonel de LAPORTE et le commandant Vata se portent ainsi avec le 3ème escadron
du capitaine Bournazel, en soutien
du 4ème à la sortie du village.
Il est environ
onze heures.
Un officier
supérieur allemand, droit et fier sur son cheval, se place en avant de
ses cavaliers qui restent immobiles, et salue de l’épée,
avec une courtoisie chevaleresque (une fois n’est pas coutume) les
troupes qu’il va combattre.
Le
lieutenant-colonel de la Porte lève son sabre, les trompettes sonnent la
charge, et le 3ème escadron s’élance pour
prendre de flanc les Saxons. Les officiers sont en première ligne :
le lieutenant-colonel de la Porte, les capitaines de Bournazel et Resclauze,
les lieutenants de la Pierre, Rouget et Levêque,
les sous-lieutenants Sarrailh et Marescaux.
On
s’aborde sur la chaussée même de
Les Germains
lâchent les rênes, pour prendre à deux mains leur lourd
glaive à large tranchant et s’en serve comme d’une massue.
Mais nos petits chasseurs, plus souples, plus adroits, qui ont affilé
leur lame de sabre sur la peau tannée des Mexicains, portent aux saxons
des coups de pointe terrible qui ne pénètrent pas, il est vrai,
ni dans la poitrine, ni dans le dos, mais entrent avec une étonnante
facilité dans les flancs.
Cette
première mêlée dure cinq minutes environ, et
déjà le sang coule abondamment, déjà de nombreux
cavaliers ennemis gisent à terre. Les autres sont reconduits, le sabre
dans les flancs, à plus de cinq cents mètres, bousculés et
fortement entamés par nos intrépides chasseurs.
Au moment
où ceux-ci vont atteindre la crête, deux nouveaux escadrons saxons
apparaissent encore et viennent renforcer leurs camarades.
Accablé
parle nombre, le 3ème escadron de chasseurs redescend la
pente, à bride abattue, jusque dans les rues du village. Cependant le
4ème escadron, qui se montre encore tout frémissant de son
premier engagement, se reforme et court sus à l’ennemi. En avant
de tous, les capitaines d’Ollone et
Raimond, les lieutenants de Braux et Castagnié, les sous-lieutenants Arronshon, de Merval et Rossignol.
Les saxons
accourent comme un ouragan, mais nos chasseurs, prévenant ceux-ci les
chargent de leur côté, avec un entrain extraordinaire.
Le 3ème
escadron s’est rallié immédiatement après le 4ème;
le lieutenant-colonel s’est mis au centre avec les adjudants ; les
trompettes sonnent la charge, en galopant derrière les escadrons. En
avant !
Nos chasseurs
remontent une seconde fois la pente, pêle-mêle, et ventre à
terre, malgré les cadavres d’hommes et de chevaux, qui jonchent
Le
lieutenant-colonel de la Porte a son cheval tué sous lui ; il est
atteint au bras droit de deux coups de sabre. Renversé,
piétiné, entouré par un gros de saxons, il veut toujours
combattre ; mais il est encore frappé à terre, où il
reçoit une troisième blessure à
Le capitaine de Bournazel perd son talpack et
reçoit plusieurs coups de sabre qui lui fendent la tête en croix.
Il tombe de cheval et est fait prisonnier.
Un coup de
taille balafre fortement la joue droite du brave capitaine d’Ollone, qui démonté,
cerné par trois ou quatre Prussiens, les étend finalement
à ses pieds.
Le
sous-lieutenant Marescaux a son
talpack fendu d’un coup de taille ; mais il riposte par un vigoureux
coup de pointe dans le corps de son adversaire. Assailli d’une
grêle de cops, il est blessé aux reins, à la tête, et
va succomber, lorsque l’adjudant Fourrès
bondit à son secours et l’aide à se dégager.
Le
sous-lieutenant Sarrailh a son
cheval tué et est forcé de se rendre à un officier saxon,
en lui remettant son revolver encore tout fumant.
Un tout jeune
officier, le sous-lieutenant de Merval,
sorti la veille de Saint-Cyr et
arrivé depuis quelques jours seulement au régiment, culbute avec
son cheval sur un monceau de cadavres, et, son sabre brisé, se voit
entouré par de nombreux Saxons qui lui arrache son revolver
déchargé de ses six balles.
Le
sous-lieutenant ROSSIGNOL prend alors le commandement du peloton de Merval. Mais dans cette
mêlée générale, il est cerné par les
cavaliers allemands. Un jeune officier saisit la bride de son cheval et lui
dit : « Rendez-moi vos armes, et il ne vous sera rien
fait ! »
Pour toute
réponse, l’officier français lui décharge son
revolver en pleine poitrine. Les saxons furieux s’acharnent alors
après lui. Un coup de sabre le décoiffe, puis deux, puis, trois
le blessent à la figure, à l’épaule, coupe le
baudrier de sa giberne. Près de lui, les cavaliers Yunck et Sholné reçoivent d’affreuses blessures au
visage et sur les bras.
Enfin, au milieu
de cette lutte acharnée, le sous-lieutenant Rossignol, qui se
défend toujours avec vigueur, reçoit un formidable coup, qui lui
fend le crâne. Le sang ruisselle sur ses yeux, dans sa bouche,
l’aveugle et l’étouffe. Il tombe de cheval et
s’étend dans un fossé. Les maréchaux des logis Crevelle, Rougeron, Bretnacher,
se défendent également en désespérés.
Au bord
d’un fossé, le maréchal des logis de Kersabiec, voulant protéger le
capitaine de Bournazel qui
gît blessé à terre s’élance sur un officier
saxon et le saisit au collet, en disant : « Rendez-vous,
monsieur, vous êtes prisonnier. » L’allemand
répond en fendant d’un coup de sabre le visage du sous-officier,
qui, à son tour, riposte par un formidable coup de pointe.
Çà
et là, des chasseurs démontés se relèvent et
continuent à faire, à pied, le coup de feu contre les Saxons. Le
vieux maréchal des logis Grafft
lutte avec une rare énergie contre un groupe de cavaliers ennemis, et
tombe enfin accablé par le nombre ; un maréchal-ferrant
ayant encore son cheval abattu entre les jambes, tiens en échec par un
habile moulinet de son sabre, dix ennemis, qui font cercle autour de lui.
Le brigadier Machart, un hercule ayant la taille
d’un géant, se conduit comme un héros et revient avec son
sabre rouge de sang jusqu'à la garde.
Tous ces vieux
serviteurs, couverts de croix et de médailles, font des prodiges de
valeur.
Le
général de Bernis,
qui, du plateau élevé de Bar, suit les péripéties
de la lutte, prescrit alors une diversion. Il ordonne au colonel de Tucé d’aller choisir, avec
les derniers escadrons qui lui restent, une bonne position sur le flanc droit
des cavaliers allemands.
Le colonel de Tucé, lequel, comme chef
d’escadrons de chasseurs d’Afrique, s’est couvert de gloire
au Mexique, et accompagné du commandant Sautelet, enlève alors le 5ème escadron du
12ème chasseurs, et traverse le village au galop pour soutenir les 3ème
et 4ème escadrons que l’ennemi poursuit en poussant des
cris sauvages.
Les Saxons,
acharnés à la poursuite des chasseurs, sont entrés dans le
village, et sans pouvoir arrêter leurs chevaux, viennent se heurter
contre la queue de la colonne, qui leur barre
Heureusement,
une issue s’offre à gauche de l’unique rue du village pour
les pelotons du 5ème escadron, qui, plus libres de leurs mouvements
s’engagent par cette voie latérale. Sans faire remettre au
fourreau les sabres qui restent suspendus à la dragonne, le capitaine Compagny commande :
« Haut le fusil ! » et se jette sur les Saxons.
A ce moment, la
scène change : les Saxons se croyaient sûrs
d’anéantir nos escadrons, quand tout à coup le fracas
sonore des trompettes françaises sonnant la charge, retentit ;
l’ennemi s’arrête comme frappé de stupeur.
D’une
ruelle du village débouche une nouvelle colonne, mais bien
française celle-là. En tête, le colonel de Tucé, les chefs
d’escadrons Vata et Sautelet, les capitaines adjudant
majors de Lavigne et de Colbert, l’officier payeur Maronnier, le porte-aigle Lévêque, etc. puis les
officiers du 5ème escadron : capitaine Compagny, lieutenant de Chabot et Chatelain, sous-lieutenant Mocany
et Vittini.
Une
décharge générale des chassepots du 5ème
escadron éclate à une quinzaine de mètres des Allemands.
Les chasseurs quittent alors le fusil pour le sabre, et franchissant haies,
jardins, clôtures, font irruption à gauche de la chaussée,
sur les arrières de l’ennemi.
La
mêlée devient furieuse. On se bat avec acharnement. Les
lieutenants de Braux, de Chabot et Chatelain se distinguent par leur brillant courage, ainsi que
le maréchal des logis chef Caillibeau.
Le lieutenant Chatelain fait
prisonnier de sa main un sous-officier ennemi. Nos trois escadrons de
chasseurs, chargeant avec une vigueur irrésistible, prennent en flanc
les quatre escadrons du 3ème saxons, les culbutent, les
renversent et les dispersent.
Plusieurs
officiers, le capitaine de Bournazel,
les sous-lieutenants Sarrailh et
de Merval, en profitent pour
recouvrer
Le sous-lieutenant
Rossignol, qui a repris connaissance malgré son horrible blessure au
crâne, saisi un cheval par la crinière, revient à Buzancy et rejoint son régiment.
Poursuivis pour
la troisième fois, les cavaliers allemands se débandent, et
s’enfuient à plusieurs milliers de mètres, laissant le
terrain jonché de leurs morts.
A la suite du
5ème escadron du 12ème chasseurs, le 6ème
escadron est entré dans Buzancy,
sous les ordres du capitaine Schoenberg,
ainsi que le second régiment de la brigade, le 5ème hussards, dont
le tour est, ce jour-là, d’être en seconde ligne.
Ces troupes
n’ont pas besoin d’être engagées pour enfoncer la
cavalerie saxonne.
Nos chasseurs
continuent à poursuivre celle-ci avec acharnement. Les plus hardis
arrivent sur les crêtes assez raides, refoulant l’ennemi et le
culbutant, le sabre dans les reins jusqu’au haut de
Deux
pièces de la 1ème batterie à cheval du 12ème
régiment, batterie Zeuker,
qui, pendant le combat, sont venues prendre position sur les hauteurs
boisées de Sivry, se
démasquent alors subitement et couvrent nos chasseurs d’obus. Un régiment
de cavalerie, en ligne de colonnes, appuyé par le 3ème
escadron du 2ème régiment de uhlans, débouche
du bois de la Folie et commence à descendre les crêtes.
Nos
régiments n’ont plus qu’à se replier, car de nombreux
fantassins s’embusquent en même temps à la lisière
des bois. Nous sommes en présence des 23ème et 24ème
brigades, commandées par les généraux majors Krug de Nida et Senft
von Pilsach, qui couvrent tous
les alentours du village de Sivry.
Ces deux brigades appartiennent au XIIème corps, général
von Goltz, qui a détruit,
en partie, les ponts de Stenay.
Le colonel de Tucé, à la vue de ces
nombreuses troupes ennemies, commande alors demi-tour, et nos chasseurs battent
lentement en retraite, sous une grêle d’obus qui fauchent les jambes
des chevaux. Là, au péril de sa vie, le lieutenant de Chabot s’arrête pour aider
le chasseur Maillard à
remonter à cheval.
Mais le but de
notre reconnaissance est atteint, et à une heure, les escadrons
engagés pendant cette chaude affaire viennent se reformer en
arrière de Buzancy dont
les uhlans avaient déjà couvert les portes des maisons de
numéros inscrits à la craie et correspondant à des
séries de billets de logement.
Là, on se
compte : soixante-deux de nos chasseurs ont reçu des blessures, la
plupart heureusement fort légères, de simples estafilades sur le
visage ou sur les bras. Deux de nos hommes ont été en outre
tués sur place. Cinq officiers sont blessés : MM. de
LAPORTE, d’OLLONE, de Bournazet,
Marescaux et Rossignol.
Les saxons
laissent sur le terrain une cinquantaine de morts et parmi aux quelques
officiers ; un grand nombre est blessé, notamment un major et deux
capitaines. Nos chasseurs ramènent une douzaine de chevaux, et sur
l’un de ceux-ci se trouve le revolver du sous-lieutenant Sarrailh. La selle est teinte de
sang : sans doute, l’officier saxon qui avait fait prisonnier
celui-ci, a été tué.
Le colonel de Tucé va de la tête de la
colonne à la queue, interrogeant ses hommes sur ce qu’ils ont
donné ou reçu :
« Qu’as-tu ? » Demande-t-il à un
chasseur, qui a la moitié du dolman emporté et le talpack
traversé.
- Deux coups,
mon colonel ; l’un sur l’épaule et l’autre sur la
tête ; mais ce n’est rien.
- Et tu es
prêt à recommencer ?
- Quand on
voudra, mon colonel !
Tous les
talpacks sont lacérés de coups de sabre. Nos chasseurs, le visage
ensanglanté ou noir de poudre, le bras en écharpe ou noué
d’un mouchoir, traversent le 5ème hussards, qui témoigne sa
rage de n’avoir pas participé à cette affaire. Un
régiment d’infanterie les acclame au passage.
Les chasseurs,
exténués de fatigue, se mettent en retraite et se dirigent sur le
gros du Vème corps, dans la direction de Châtillon, sans être suivis, ni
inquiétés.
... :...
Bientôt,
on voit arriver des chasseurs à cheval, quelques-uns le visage tout
ensanglanté. C’est le 12ème régiment de
cette arme qui se replie sur authE,
où il arrive à six heures du soir.
Les chasseurs,
encore tout animés par l’ardeur du combat, racontent
l’affaire. Aussitôt, le colonel Pichon
fait déployer le 46ème, fort de 1 500 hommes environ,
à gauche de la route, face aux hauteurs occupées par
l’artillerie ennemie, reste dans cette position pendant près de
trois heures, puis bat en retraite, aussi correctement que sur le terrain de
manœuvres.
Le 12ème
chasseur à cheval bivouaque dans la boue autour d’ AUthe, où les femmes du village
réparent les vêtements déchirés par les sabres. La
cavalerie reste sans tente, sans feux et la bride au bras. L’infanterie
s’enveloppe de couvertures mouillées sur des lits de feuilles
humides, car de tous côtés à Brieulles, à Belville,
l’armée campe au milieu des terres labourées et
détrempées par les pluies.
ULRIC GUELFE de CIVRY
(Vicomte)
« Un engagement
de cavalerie –Le combat de Buzancy le 27 août 1870 »
Londres, Arliss Andrews, 1878 In-12, 11p - Bibl. Nat. LH5-1000
(Récit
reproduit dans sa totalité)
« La cavalerie est
la longue vue du Général » Maréchal de Saxe
Dans la nuit du
26 au 27 Août 1870, le général de Failly; Commandant en
chef du 5ème corps d'armée, reçut l'ordre de se diriger
vers Bar les Buzancy et de laisser au Chêne-Populeux ses bagages sous la
garde d'un bataillon. Cette marche avait pour but de s'assurer si l'ennemi,
signalé à Vouziers et à Grandpré, ne
rétrogradait pas vers Stenay ou s'il continuait sa marche sur Paris
Le5ème
corps s'ébranla à quatre heures du matin sous une pluie
pénétrante qui n'avait cessé de tomber depuis
Buzancy,
qu'entourait jadis une imposante ceinture de remparts et qui avait
été déjà le théâtre de plus d'une
bataille, est un lieu historique. Situé sur les confins du Duché
de Bar et du Comté de Champagne, plus d'une fois il avait eu sa part
dans les luttes que les événements suscitaient entre les deux
Princes voisins.
Comme saisissant
souvenir des Croisades, il garde encore une mosquée en ruine que Pierre
d'Anglure, Comte de Bourlémont et Sire de Buzancy, avait bâtie
à son retour de Palestine; fidèle accomplissement d'une
étrange promesse exigée par le Sultan dont il était
prisonnier.
Comme souvenir
le plus récent de sa grandeur évanouie, il montre, en guise de
sentinelles postées sur l'emplacement d'un de ses anciens pont-levis,
deux lions gigantesques qui ornaient naguère, à Lunéville,
le palais du Roi de Pologne.
Pittoresquement
posé sur le versant de la colline de Bar, à la naissance
même de la chaîne principale de l'Argonne qui détermine les
versants de la Meuse, de l'Aisne et de l'Oise, arrosé par les eaux
argentées de la petite rivière qui longe la vallée ayant
en face de lui le mont Civry avec ses grands bois, le joli bourg de Buzancy
avait oublié depuis longtemps ses belliqueux souvenirs, et il dormait
tranquillement entre son vieux château et le clocher de son
église, quand tout à coup le galop des Uhlans avait
réveillé en sursaut ses paisibles habitants le matin du 27
Août.
Les Uhlans
inscrivirent à la craie sur la porte des maisons une série de
numéros correspondant à des billets de logement, puis ils
repartirent vers les hauteurs boisées où commençait
à se glisser en silence l'avant-garde de
A peine
avaient-ils traversé le bourg et gravi la moitié de la colline,
qu'ils se trouvèrent tout à coup face à face avec les
éclaireurs allemands. Les coups de feux s'échangèrent, et
le Colonel De Tucé, qui observait à l'horizon du haut du plateau de
Bar, se hâta, suivant ses instructions, de détacher, sous la
conduite de son Lieutenant-Colonel, deux escadrons (3ème et 4ème)
commandés par le capitaine Comte d'Ollone et le capitaine de Bournazel.
Malgré le désavantage du terrain, ils chargent avec la plus
grande vigueur l'ennemi qui descend des bois en grandes forces et qui l'aborde
lui-même au galop de charge. Le choc est rude et l'engagement
acharné. Mais le nombre, sans cesse grandissant des renforts, l'emporte
bientôt, et les deux escadrons du 12ème chasseurs sont
ramenés pas à pas jusqu'à l'entrée du village. Un
troisième escadron (5ème) est appelé.
Immédiatement formé en colonne par quatre, il est enlevé
en quelques secondes par son Capitaine Compagny de Courvières et
s'élance, accompagné du Colonel lui même et du Commandant
Sautelet, sur la rapide descente qui conduit au village, puis, le sabre
à la main, il s'engouffre comme un ouragan entre les deux rangées
de maisons dont les murs tremblent et dont les habitants ont disparu : un seul
homme apparaît debout sur perron de l'église : c'est le
curé du Buzancy. Il a voulu bénir ceux qui vont à la
mort… Sursum corda! Mais bientôt force est modérer
l'élan, sous peine de tomber sur des frères et non sur l'ennemi.
La rue est
obstruée sur toute sa largeur par les premiers combattants qui disputent
pied à pied le sol aux saxons. Heureusement une issue s'offre à
sa gauche: le Capitaine y dirige son escadron et, sans faire remettre au
fourreau le sabre qui reste suspendu à la dragonne, il commande : haut
le fusil. Après une décharge à volonté, les
chasseurs quittent le fusil pour le sabre et, franchissant haies, jardins et
clôtures, ils font irruptions sur les derrières de l'ennemi. La
mêlée devient furieuse; les saxons surpris par cette attaque
imprévue, se retournent pour envelopper cette téméraire
poignée d'hommes qui ose essayer de leur arracher une victoire dont ils
se croyaient déjà maître. Hommes et chevaux se heurtent, se
renversent, se piétinent, et se tuent: ce n'est pas seulement un combat
qui se livre; ce sont dix, vingt engagements partiels qui ajoutent leurs
scènes dramatiques aux sanglantes péripéties de l'action
principale. Ici, c'est le Comte de Courvières qui, à la
tête d'une partie de son escadron, court dégager ses deux
collègues blessés, cernés et à demi prisonniers :
le Capitaine de Bournazel, avec le crâne fendu, et le Capitaine d'Ollone,
avec la figure coupée en deux. Là, c'est le Sous-lieutenant de
Merval qui, à pied et sans talpack, auprès de son cheval mort, se
défend en désespéré; en voyant arriver le 5ème
escadron il se dégage par un suprême effort, enfourche un cheval
de troupe qui passe et parvient à rallier son peloton, n'ayant plus
à la main qu'un rouge tronçon de sabre. D'un côté,
c'est le Sous-lieutenant Rossignol, l'occiput ouvert et ruisselant, puis le
Sous-lieutenant Marécaux également frappé à la
tête; de l'autre, c'est le Lieutenant de Braux d'Anglure se
débattant au milieu d'un cercle d'ennemis et se voyant
déjà prisonnier en face de la mosquée qui lui rappelle la
captivité de Pierre d'Anglure; près de lui, le S. Lieutenant
Sarrailh, qui, aux prises avec le même péril, déploie la
même énergie; plus loin, le lieutenant Chatelain qui a la double
chance de n'avoir pas une blessure et d'avoir fait un prisonnier de sa propre
main. Au bord d'un fossé, le Maréchal-des-Logis Kersalaun de
Kersabieck, défendant son Capitaine blessé, s'élance sur
un officier Saxon et le saisit en criant: Rendez-vous, Monsieur; vous
êtes mon prisonnier. L'officier, pour toute réponse, balafre d'un
coup de sabre le visage du Maréchal-des-Logis, qui, à son tour,
riposte par un vigoureux coup de pointe et étend son adversaire à
ses pieds. Cà et là, des chasseurs démontés, se
relèvent couverts de boue et continuent à pied le coup de feu
contre les cavaliers qui passent. Pendant que le vieux
Maréchal-des-Logis Grafft combat contre un groupe tout entier
jusqu'à ce qu'il roule à reculons dans la rivière, le
maréchal-ferrant X, debout, ayant encore entre ses jambes son cheval abattu,
tient en échec, par l'étincelant moulinet de son sabre, dix
ennemis qui font cercle autour de lui. Partout l'on voit les furieux coups de
pointe des chasseurs se croiser avec les coups de lance des Uhlans et les
larges tranchants que les Dragons Saxons manient à deux mains, à
la façon des Germains d'Arminius. Le sang coule de toute parts, et le
champ de bataille, bien que les morts n'y soient point encore nombreux,
commence à devenir émouvant car les blessures à l'arme
blanche, quoique dix fois moins dangereuses que celles des armes à feux,
soient dix fois plus horribles à voir. Au bout d'une demi-heure de cette
lutte, Buzancy, restait au pouvoir des Chasseurs. Ce qui restait des trois
escadrons recharge bravement en fourrageurs, poursuivant les Dragons et les
Uhlans Saxons qui remontent de toute la vitesse de leurs chevaux les pentes du
mont Civry. Mais au sommet, un obstacle inattendu allait arrêter les
vainqueurs.
Les Saxons, se
divisant tout à coup par un brusque coude à droite et à
gauche, mettent à découvert l'artillerie qui venait de prendre
position dans les bois. Les Généraux, qui l'ont aperçue du
haut de la colline de Bar, ont déjà fait sonner la retraite,
quand une poignée de Chasseurs arrivent à vingt pas des
pièces. Force est de se replier devant les boulets qui commencent
à balayer la descente, pendant qu'un second régiment de Dragons
Saxons, attendant immobile à droite des batteries, s'ébranle avec
un formidable hourrah et descend en ordre imposant la seule route
qu'épargne le canon. De nouvelles scènes signalent ce dernier instant.
Les groupes pressés et lancés à toute vitesse sont
criblés par les projectiles qui atteignent surtout les jambes des
chevaux. A chaque pas, un homme tombe, en entraînant avec lui trois ou
quatre des siens dans sa chute. Un homme tombé est presque toujours un
homme perdu, à moins que son cheval et lui soient assez peu
blessés, assez vigoureux et assez lestes pour se relever et reprendre
leur course, ou que, comme le chasseur Maillard, il ait la bonne fortune
d'avoir derrière lui un homme de dévouement, comme le
Sous-lieutenant de Chabot, qui, au péril de sa vie, s'arrête pour
lui porter secours. Quels que soient les dangers et les pertes d'une si subite
retraite sous un tel feu, le Capitaine Compagny de Courvières, lui
aussi, s'arrête à l'entrée de Buzancy avec le Capitaine
Adjudant-Major Comte de Colbert-Chabanais et quelques uns de ses hommes pour
chercher le Lieutenant-Colonel de la Porte qui, grièvement
blessé, était tombé et avait disparu dans
Malgré sa
retraite devant les foudroyantes décharges de l'artillerie, le 12ème
Chasseurs avait droit d'être fier de cette journée. Trois de ses
escadrons avaient lutté seuls contre des forces quatre fois
supérieures et n'avaient cédé le terrain qu'à la
dernière minute. [1] Ils avaient perdu 80 hommes, mais ils en avaient
fait perdre autant à l'ennemi, y compris deux officiers supérieurs.
Le nom de Buzancy pouvait désormais s'inscrire sur le drapeau du
Régiment comme un nouveau titre d'honneur
[1]- La plupart
des écrivains Allemands et même Français qui ont rendu
compte de cet engagement indiquent que 6 escadrons, c'est à dire le 12ème
Chasseurs en entier, y ont pris part. C'est une erreur matérielle. La
preuve en est simple. A la déclaration de la guerre, le régiment
fut mobilisé à 5 escadrons. Le 2ème resta
à son dépôt de Joigny. Le 1er fut enfermé à
Metz. La brigade du Général de Bernis ne comptait donc que les 3ème,
4ème et 5ème escadrons, qui
donnèrent seuls à Buzancy, et le 6ème qui fut
laissé en réserve avec le 5ème de Lanciers.
D'autres
écrivains militaires affirment aussi que le 12ème de
Chasseurs fut soutenu par le 3ème et le 5ème
de Lanciers (Brigade du Général de la Mortière). C'est
également inexact: Le 5ème de Lanciers ne donna pas.
Quant au 3ème, il était à Metz avec toute la
brigade du Général Lapasset coupée du Vème
corps, de sorte que la division du Général Brahaut se trouvait
réduite à 2 régiments, le 5ème de
Hussards, qui la complétait, ayant été fractionné
pour le service d'escortes et pour attacher ses escadrons à chacune des
divisions d'infanterie du Vème corps.
Les forces
ennemies auxquelles les trois escadrons s'étaient heurtés,
étaient : le 3ème dragons, le 2ème
Uhlans (nème 18), et
25 ans plus
tard, le 27 août (1875), à l'heure du combat, une messe
était dite à Buzancy par le vénérable doyen
Guillaume. Celui là même qui s'était illustré
pendant ce fait d'armes. Il était entouré de tous les
prêtres du canton. On remarquait dans l'assemblée la
présence du maire (Vincent Lapierre) et de son adjoint, du conseil
municipal, M. Ulric de Civry et une grande partie de la population.
Après la
cérémonie, l'assistance s'est rendue au cimetière,
où le vénérable doyen a béni les tombes des soldats
français, puis celles des saxons. (Certaines d'entres elles sont
toujours en place à l'heure actuelle)
Quelques mois
plus tard, un monument fut érigé place Napoléon, à
l'emplacement même du combat, afin de commémorer les actions du 12ème
chasseurs. Buzancy est sans doute une des rares municipalités a avoir
érigé un monument en souvenir de la guerre de 1870
RIHM nème
82Commission Française d'Histoire Militaire
La situation
militaire en Seine-inférieure à la fin de novembre 1870
Les Allemands
avaient fait leur première apparition en Seine-inférieure le 2
octobre en direction de Gournay ; mais jusqu’à la fin de
novembre, ils n’envisagèrent aucune occupation du
département, se bornant à protéger leurs troupes qui
assiégeaient PARIS et à diriger des opérations de ravitaillement
dans le Vexin.
À la fin
de septembre, le Général Gudin, Commandant de la deuxième
division militaire, disposait des unités suivantes au nord de la
Seine : deux régiments de cavalerie, le 12éme
Régiment de Chasseurs à cheval et le 3éme Hussards qui
avaient échappé à l’encerclement de Sedan, deux
bataillons de marche de la ligne, le 2éme et le 5éme, et onze
bataillons de mobiles, en tout 13 000 à 14 000 hommes et pas
d’artillerie. Les forces étaient réparties à peu
près également entre les deux petits corps du pays de Bray et de
l’Andelle pour surveiller les routes de Beauvais et de Gisors ;
elles furent rejointes par une quinzaine de corps francs d’importance et
de valeur militaire très différentes.
Le rôle de
ces troupes fait limité à la protection de la
Seine-inférieure contre les incursions des uhlans ; il était
exclu d’envisager la moindre offensive contre l’ennemi et
même de résister à une attaque générale. En
s’installant à La Feuillie, à la fin de septembre, le
Commandant de Livois du 1er bataillon de mobiles du Pas-de-Calais reçut
l’ordre de faire une guerre de partisans et d’avant-garde et de se
replier, en cas d’attaque sérieuse, vers Le Havre, en passant par
Saint-Saëns, Pavilly, Yvetot et Bolbec ; le Commandant Darceau du
8éme bataillon de mobiles du Pas-de-Calais s’établit
à Gournay avec des instructions analogues. Le Général
Gudin répondit à deux membres du Comité
départemental de défense, Leplieux et de Germiny, qui
l’interrogeaient sur ses intentions : "Rouen ne peut être
défendu et mon intention n’est pas de le défendre. Je
n’ai confiance ni dans mes troupes, ni dans mes officiers, ni dans la
mobile, ni dans les mobilisés, ni dans la garde nationale
sédentaire, ni dans les administrations civiles... (En cas
d’offensive du prince Albrecht), je me replierai vers Barentin
d’abord, sur Le Havre ensuite où il ne viendra pas me poursuivre.
Mon principal souci est de savoir comment alors je ferai pour alimenter mes
troupes". Ce programme correspondait aux préoccupations
exprimées par le Conseil Municipal de Rouen, dès le
4 septembre : "La ville ne pourrait se défendre devant
une armée ; elle pourrait résister à une avant-garde
d’infanterie et de cavalerie ; les précautions
à prendre consisteraient donc à se préserver des
maraudeurs et des détachements de cavalerie".
Seul le parti
démocratique qui exaltait le souvenir de 1793 condamnait cette
passivité. Il profita du passage de Gambetta à Rouen, (8 octobre
1870), pour réclamer une organisation plus énergique de la
défense. Le 17 octobre, le Général de Brigade Briand,
ancien Colonel de spahis, succédait au Général Gudin, mais
déçu par le manque d’appui fourni par les autorités
locales, il demandait quelques jours plus tard sa mise en disponibilité
pour raison de santé ; il était alors remplacé par le
Colonel de Tuce du 12éme chasseurs, promu au grade de
Général de Brigade (29 octobre 1870). Briand puis de Tuce ne
reçurent pas de renforts ; ils conservèrent le même
dispositif et la même attitude défensive. Le 28 octobre, une
compagnie du 5ème bataillon de marche, le 1er bataillon des mobiles de
l’Oise, renforcés par le 1er bataillon des mobiles du
Pas-de-Calais, repoussaient une colonne prussienne de 1 500 hommes qui
avait pénétré dans Formerie. Le grand État-major
prussien crut pouvoir juger que "ce combat, dans lequel les
Français avaient opéré méthodiquement avec les
trois armes, permettait de mesurer tous les progrès accomplis dans la
réorganisation de leurs forces".
Première guerre 1914-1918 : (03-08-1914 au
11-11-1918)
Source :
http://micheljacquot.chez.tiscali.fr/BouxFroid.html
Le
Monument aux Morts |
|
Plaque
commemorative |
Le monument BOUXIERES SOUS FROIDMONT (54) porte une
plaque à la mémoire du cavalier POUGET, premier tué
après la déclaration de guerre.
Il faut noter que la presse locale dans un article
paru le mercredi 5 août 1914 et relatant les obsèques du chasseur
à cheval POUGET cite une partie du discours du capitaine QUENELl,
commandant le 1er Escadron du 12ème
Régiment de Chasseur à Cheval « L'acte
criminel qui a privé la France d'un de ses vaillants défenseurs
tué au signal de VITTONVILLE, en territoire français, avant (?)
la déclaration de guerre ».
Le chasseur POUGET et le caporal d'infanterie
PEUGEOT du 26ème RI de NANCY,Les deux premiers morts
français de la Grande Guerre
Celui que l'on peut considérer comme le
deuxième mort français de la Grande Guerre, le premier
après la déclaration de guerre, est Fortuné Émile
POUGET , un jeune cavalier de 21 ans du 12ème Chasseurs de
Pont-à-Mousson.
En ce 4 août 1914, il était
chargé de surveiller la frontière, près d'une borne au
nord de BOUXIERES tout près du signal de VITTONVILLE. Il a
été abattu vers 11h50. Le cavalier POUGET fut inhumé le
lendemain 5 août 1914 à 14h00, au cimetière civil de
Pont-à-Mousson